Est morte, que j’ai crue qui serait sans fin. Édition bilingue. Yves Bonnefoy (Tours, Indre-et-Loire, 24 de junho de 1923) é um poeta francês, autor de inúmeros livros de poemas, além de ensaios sobre arte e literatura. In this polemical essay, the author tries to understand and question this formal choice, which is at first sight … La reproduction de l’hyperbate de l’original (« Or poserai per sempre,/Stanco mio cor. Collection Poésie, Mercure de France Parution : 13-04-2000 «Faut-il justifier une tentative nouvelle de traduction, quand il s'agit de l'"Ode au rossignol" ou du "Chant du pasteur errant" ? 7Mais c’est surtout Yves Bonnefoy qui donne aujourd’hui en France un apport irremplaçable à la mise en valeur de Leopardi. Je sens bien que l’espoir s’est éteint en moi. 13Voyons maintenant la traduction de A se stesso, utile pour montrer à la fois les stylèmes dominants d’une réécriture et d’une herméneutique sous-jacente : 15Sur le plan quantitatif, constatons tout d’abord l’incrémentialisation qui rallonge l’original d’un vers : ce qui implique que le traducteur travaille sur le texte dans son ensemble, et non pas sur chaque vers en tant que tel. Il est l'auteur d'une oeuvre importante, poétique aussi bien que théorique, qui interroge sans relâche les rapports qu'entretiennent le monde et la parole. » [76] Soutenue par la reproduction phonique de l’anaphore initiale en [v] de l’original (« vaneggiar vergogna ») dans le groupe consonantique [fr] (« frénesie », « fruit »), et par la traduction de « mondo » par le locatif « ici-bas », on voit là surgir l’idée que le hic terrestre est justement ce qui, d’ici-bas, s’oppose au ciel. Référence électronique. L’exemple de la traduction du Canto notturno di un pastore errante dell’Asia [27] témoigne de cette pensée à l’œuvre dans et par la traduction, comme son essai Traduire Leopardi [28], où Bonnefoy justifie la liberté qu’il a prise de traduire la locution italienne « seguirmi viaggiando a mano a mano » [29] — qui signifie en italien peu à peu, et a donc une valeur temporelle — par « Ou me suivre, main dans ma main près du troupeau » [30] ; en assumant donc, par ce glissement métonymique, la responsabilité d’« assurément dire plus que Leopardi, si ce n’est pas même dire autre chose » [31] du fait de sa conviction qu’une identification de la lune (interlocutrice muette du pasteur) avec la femme dont le poète a rêvé, est possible : 9La nécessité et le courage de l’interprétation sont à la base de cette décision traductrice, à partir de laquelle d’autres découlent en chaîne : comme par exemple celle de traduire « Vergine luna » par « Ô lune,/ Ô vierge » [33], double vocatif séparant le substantif de son épithète, et supposant explicitement une vision anthropomorphique féminine du symbole (la vierge). Nouvelle traduction. Yves Bonnefoy. Paroles et traductions - Yves Bonnefoy: Aux arbres, Le puits, L'écume, le récif, Tombeau de Stéphane Mallarmé, Un souvenir, La foudre, L’arbre, la lampe Tours : Presses universitaires François-Rabelais, 2007 (généré le 14 décembre 2020). « Si chez Yves Bonnefoy la poésie est pensante, la pensée est réciproquement “poétique” » ; Patrick Née. Le traducteur parvient à cette nouvelle dimension strophique grâce à un travail d’expansion expressive (et non pas de dilution) des segments de chaque vers ; ainsi, « En aucune forêt aucune bête » [73] constitue dans sa strophe un vers entier, alors qu’il n’est que la moitié du vers original (« non fu quant’io, né fera in alcun bosco » [74]). 10Le contre-exemple de la traduction des premiers vers de L’infinito fait preuve, en l’occurrence, d’un souci de fidélité plus sourcier, lorsqu’avec le choix du singulier « cette haie » [39] il résiste à la tentation de traduire « questa siepe » par un pluriel (« ces haies ») — solution qui aurait alors suggéré une tout autre sorte de paysage : celui du rêve d’une possibilité pour le poète de « chercher plus loin, voir plus loin, espérer encore, malgré la mort, comme le berger dans les dunes de l’Asie » [40] ; car il lui faut garder l’idée substantielle et spatio-temporelle d’« un sentiment très marqué de la proximité et même de l’ampleur de “questa siepe”, de “cette haie-ci”, toute proche […] » [41]. Yves Bonnefoy, « La traduction de la poésie ». 3Critique de la notion d’« Ursprache » de Walter Benjamin [5] et de la perspective herméneutique — à son avis trop sémanticiste — de George Steiner [6], Yves Bonnefoy, plus proche de la pensée d’Antoine Berman [7], nourrit sa pratique d’une constante réflexion sur les auteurs et sur leurs œuvres, qui accompagne presque toujours la publication de ses traductions [8] : signe évident qu’il vise une poétique du traduire, où la pensée et la création littéraire s’intègrent mutuellement. Nouvelle traduction. Et l'oiseau à nouveau se hissera dans son vol. Le voyage de l'homme, de la femme est long, plus long, C'est une étoile au bout du chemin, un ciel. Pourtant, derrière l’apparence de ces stéréotypes — ceux d’une typologie féminine que le poète ne cesse de reproposer, aux caractéristiques vaguement mariales [63] et proches de l’iconographie picturale d’un Simone Martini ou d’un Taddeo Gaddi [64] —, se révèlent le pouvoir de désignation de l’être propre à la poésie, et le mystère des correspondances et des analogies d’un cosmos voulu par un Créateur — bien que l’idée de transcendance de l’époque de Pétrarque ait définitivement disparu de l’horizon moderne. William Shakespeare (Auteur), Yves Bonnefoy (Préface, Traduction) 4,5 sur 5 étoiles 348 évaluations. GRAND TRADUCTEUR DE SHAKESPEARE, 12 novembre 1959 La traduction qu'Yves Bonnefoy donne aujourd'hui de Hamlet et de Jules César a été annoncée comme un événement littéraire (1). Traductions en contexte de "bonnefoy" en français-anglais avec Reverso Context : Selon Laurent Bonnefoy, politologue spécialiste du Yémen, les tensions entre ces tribus et … Yves Bonnefoy : Hamlet en traducteur et Shakespeare en poète Yves Bonnefoy, « La maison natale », I, v. 9. Cette traduction, qui ne se veut pas « le calque de la littéralité du poème mais l’écoute du désir qui l’écrivit, et l’accomplissement du désir dans un texte restant le sien » [92], enfante donc un désir-auteur [93], auquel répond un désir-traducteur qui « l’éclaire […] » [94]: car aussi bien, « [l]a traduction doit collaborer au poème » [95]. Yves Bonnefoy, « Entretien avec Pierre-Emmanuel Dauzat et Marc Ruggeri », in Pierre-Emmanuel Dauzat (dir.). Faisant écho à la deuxième partie du vers 12 (« c’est le fruit, cette honte » [77]), l’articulation du vers final en deux segments traduit « è breve sogno » par une double proposition (« c’est bref, ce n’est qu’un songe »), grâce à la réitération du présentatif, ou bien à l’ajout d’un déictique de renforcement à valeur démonstrative. Yves Bonnefoy. Et sa traduction est, certes, extraordinaire. Longtemps plus connu en France comme patriote et surtout comme philosophe pessimiste, que comme poète, la renommée de l’auteur des, Car la lune à laquelle s’adresse le berger et ne cessent de s’adresser nombre d’autres poèmes de Leopardi, lune “, Ta fatigue, mon cœur. Quand le seau descend dans le puits qui est l'autre étoile. BONNEFOY, Yves. L’infinito des Canti est, d’après Yves Bonnefoy, le texte qui mieux que tout autre témoigne de la proximité-différence unissant Leopardi au romantisme : car il remplace la tendance romantique à l’identification avec le symbole (qui correspondrait à l’état d’esprit du poète) par le rêve de qui souhaiterait « […] s’évader du monde visible […] se perdre dans l’abîme de l’incréé » [18]. Lorsque en 1994 Yves Bonnefoy publie sa traduction des vingt-quatre premiers sonnets, pour une édition d’art à tirage limité1, il la fait précéder d’un essai intitulé "Traduire les sonnets de Shakespeare". Trad. Le destin n’a donné que de mourir. Ce livre propose un examen approfondi de ces cinq traductions et de leur évolution, dans l'objectif de caractériser la poétique de traducteur d'Yves Bonnefoy. 5 -5% avec retrait magasin 35€ Vendu par LIBR CHAPITRE 1 neuf à 35€ 7 occasions dès 20€48 Ajouter au panier Raturer outre - broché Suivi de Soient Amour et Psyché. D’où le choix de traduire la poésie en vers libres, avec la conviction que la traduction poétique appartient à titre plein à l’œuvre du poète-traducteur : ce qui suppose une affinité avec l’auteur qu’il traduit, dont il reprendra, sans l’imiter, le projet original en l’accueillant dans son propre univers linguistique et expressif [4]. Enfin, un poète allait traduire un poète. Chez Yves Bonnefoy donc, la pensée critique informe la traduction, selon une réciprocité chiastique entre poésie et pensée que Patrick Née a justement remarquée [26]. Est la vie, et jamais rien d’autre. Son ouvrage L’Enseignement et l’exemple de Leopardi [12] lui reconnaît même « un surcroît de grandeur » [13] par rapport aux autres « grands poètes » [14] de l’époque (Hölderlin, Wordsworth, Hugo, Nerval, Baudelaire), Leopardi ayant été le premier à percevoir « […] que la réalité naturelle, celle au sein de laquelle nous sommes immergés, n’est rien de plus qu’une matière muette, aveugle, dans les plis de laquelle il n’y a aucune surnature […] » [15] ; alors que la poésie romantique s’identifie à une « […] pensée du divin que l’on peut dire encore théologique » [16]. En 1960, il traduit Jules César, de Shakespeare. Amertume et ennui. Pour ce même procédé stylistique, voir aussi. Yves Bonnefoy est né à Tours (Indre-et-Loire) le 24 juin 1923. il est descendu aux bourgeons, des instants partagés sur les rives du Drim, et en 80 je me joignais à son hommage du monde. Yves Bonnefoy et le haïku 13 En 1972, quatre années après un voyage en Inde puis au Japon, Bonnefoy consacre un essai à Bashô, « La fleur double, la sente étroite : la nuée 25 » – la revue L’Éphémère publiant la même année une traduction du journal de voyage de … Décédé le 1er juillet 2016. 2En ce qui concerne la théorie de la traduction, Yves Bonnefoy garde toute son autonomie vis-à-vis des tendances strictement linguistiques du formalisme structuraliste et du fonctionnalisme socio-linguistique de la communication ; de même, dans la querelle ciblistes-sourciers opposant les sémanticiens linguistes aux stylisticiens littéraires, il refuse de prendre une position nette, en raison de l’impossibilité de réduire un texte à son sens, et de l’exigence de récréer un son et un rythme modernes et personnels loin de toute tentation archaïsante. Vérifiez les traductions 'Yves Bonnefoy' en anglais. Parfois l'étoile du soir, celle qui vient seule, Parfois le feu sans rayons qui attend à l'aube. C’est le cas de l’incipit de La sera del dì di festa : « Dolce e chiara è la notte e senza vento,/E queta sovra i tetti e in mezzo agli orti/Posa la luna, e di lontan rivela/Serena ogni montagna. On voit bien ici la pensée critique à l’œuvre dans le travail d’interprétation et de réécriture qu’entreprend Yves Bonnefoy : si la poésie doit coïncider avec « la capacité d’aimer » [23] et d’espérer, Leopardi, dont il ne nie ni l’amertume ni le désarroi face au taedium de l’existence, ne peut nullement être le poète du désespoir [24] ; mais il sera capable d’« avoir l’intuition qui permet à la poésie de sortir de l’impasse où la pensée du non-être risque de la faire se perdre » [25]. Fabio Scotto, « La risonanza dell’altro. Leopardi, cinquante ans avant Mallarmé, découvre le vide du Ciel et trouve le Néant qui sera après pour Nietzsche « […] le seuil nécessaire de la modernité de l’esprit » [17]. Ses parents, originaires du Lot et de l’Aveyron, étaient, l’un, ouvrier monteur aux … Le voici donc, accompagné de sa belle traduction par Yves Bonnefoy (« Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier ») : THE SECOND COMING. Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin © Armand Colin. William Shakespeare (Auteur), Yves Bonnefoy (Traduction) 4,5 sur 5 étoiles 85 évaluations. C’est le cas du tercet final du Sonnet I : « et del mio vaneggiar vergogna è ‘l frutto,/e ‘pentersi, e ‘l conoscer chiaramente/che quanto piace al mondo è breve sogno. Yves Bonnefoy: Top 3. « La ponctuation en poésie est plus questionnante, plus risquée. Traduction et mémoire poétique, Dante, Scève, Rimbaud, Proust (2007) avec Yves Bonnefoy (1923-2016) comme Préfacier Nul ne s'égare (2006) avec Yves Bonnefoy (1923-2016) comme Préfacier » — cela devient : « Désormais, où le cri de nos grands ancêtres,/Où l’empire de Rome, immense, où ses armées,/Où le fracas qu’elle portait si loin/Sur la terre et les eaux ? » [56] Se pose d’abord pour lui le problème de la traduction d’un texte d’une autre époque, qui impose au traducteur une « nécessité de transposition » [57]. D’ailleurs l’importance du sonnet comme structure formelle — en cela proche de grandes découvertes de la science expérimentale et du syllogisme — est telle qu’il arrive à lui attribuer la capacité de « mettre en question l’ordre social ! Une fois définies ces prémisses théoriques, la praxis d’Yves Bonnefoy agit sur la forme du sonnet en respectant la structure strophique traditionnelle de l’original, avec pour seules exceptions les sonnets CCXXV et CCXXVI [71] où, comme il arrive pour certaines de ses traductions des sonnets de Shakespeare [72], l’on assiste à une incrémentialisation de la quantité globale des vers : celle, ici, des deux quatrains italiens qui deviennent deux quintils. Toujours dans le même poème, un procédé syncopé analogue préside peu après à l’allégorisation emphatique du mot « Nature » : à la fois par son initiale qui porte la majuscule, et par l’adjectif « onnipossente » nominalisé qui s’y rapporte (« E l’antica natura onnipossente », rendu par « De ma fenêtre, la Nature, l’originelle/ Puissance » [48]), de manière à expliciter la valeur philosophique du mot, dans le contexte de la réflexion lyrique du poète de Recanati. Par conséquent, le traducteur décidera de combattre « le stéréotype, […] cette sorte de réalité en puissance supérieure » [65] pour situer les êtres, selon une topographie plus horizontale que verticale dans « ce monde où l’on vit dans l’ordinaire des jours » [66], par un désir de la poésie d’être proche « d’une personne réelle soudain reconnue comme telle » [67]. Collectif Yves Bonnefoy Christophe Gallaz Nicolas Raboud Christian Zacharias Nadja Maillard Marie Andr é. Il s’agit en effet de ne jamais séparer l’œuvre du monde, et de reconnaître à cette activité le rôle capital qu’elle mérite dans l’histoire des formes littéraires et dans la poétique du discours ; ce qui suppose que les textes revivent dans d’autres langues par des gestes poétiques de la subjectivité écrivante, capables d’en prolonger la leçon. You might also want to visit our International Edition. Méprise. Dans cette perspective, la traduction qu’Yves Bonnefoy donne de ce grand poème léopardien [19] — traduction que j’ai déjà analysée [20] en montrant, surtout dans sa clausule, un éloignement de la structure anaphorique et de la valeur tragique du mot « naufragar » [21] — se révèle pourtant cohérente avec ce qu’il écrit dans son essai sur ce poème, qui opposerait le rêve à la cruauté de la nature, et l’esprit à l’ennui, pour « désirer le non-être comme le refuge paradoxal de la réalité proprement humaine » [22], jusqu’à le percevoir comme le lieu illimité de l’infini. Sur le plan métrique, à l’alternance de l’heptasyllabe et de l’hendécasyllabe de l’original correspond un vers libre allant de six à treize syllabes, mais dont la longueur la plus récurrente en compte douze — bien que son schéma s’éloigne des coupes traditionnelles de l’alexandrin. Voir les formats et éditions Masquer les autres formats et éditions. Mais toujours l'eau est close, au fond du puits. La traduction s'élabore, comme l'écrit Bonnefoy, « dans un rapport de destin à destin1 ». 19Mais l’un des buts fondamentaux d’Yves Bonnefoy dans cette traduction est de sonder « l’inexploré de la pulsion érotique » du Canzoniere, « de porter la traduction d’un mot ou d’un vers un peu plus en avant que lui dans l’explicitation du désir ou du sentiment qu’il [Pétrarque] éprouve » , d’y faire affleurer « une pensée plus charnelle » . Entre 1957 et 1988, le poète français Yves Bonnefoy a traduit le Hamlet de Shakespeare à cinq reprises. Laura Wilde - Wolkenbruch im 7ten Himmel. Un autre trait saillant de l’herméneutique caractérisant cet art de traduire, c’est celui de la palette lexicale des nombreux termes à valeur ontologique. Et me souvenant des rêves les plus chers. Carlo Ossola remarque à juste titre le choix de traduire « questo vagar mio breve » par « cette brève errance qui est la mienne » [34], ce qui marquerait une affinité entre les errances nocturnes du pasteur errant léopardien et les poèmes en prose de La vie errante [35]. Sulla traduzione in Yves Bonnefoy », in Yves Bonnefoy, Fabio Scotto, « Traduire Yves Bonnefoy en italien : le cas de. Cherchez des exemples de traductions Yves Bonnefoy dans des phrases, écoutez à la prononciation et apprenez la grammaire. Pas des lettres gauloises, du cyrillique. Yves Bonnefoy est un poète, critique et traducteur français né le 24 juin 1923 à Tours en Indre-et-Loire. 11L’écriture traductrice d’Yves Bonnefoy est caractérisée par un certain nombre de stylèmes et de procédés récurrents que les quelques exemples qui suivent se proposent de mettre en évidence. Tu as assez battu. Yves Bonnefoy traducteur de Keats page 2 sur 10 Maxime Durisotti Aix-en-Provence, 3-5 décembre 2008 traducteur à parcourir à nouveau le chemin parcouru par le poète étranger. Fabio Scotto, « Yves Bonnefoy e Leopardi : tra critica e traduzione », J’ai créé, pour définir les conséquences de cette interprétation, le terme «. », et les « doigts déliés, délicats […] / […] nus » de sa « belle main » gantée, un cruel instrument de torture appliqué sur les « plaies » [89] de l’amant déçu. Courbés, le dos chargé d'une masse noire, Certains semblent attendre, d'autres s'effacent. Yves Bonnefoy, œuvres complètes, traduction d'une quinzaine d'œuvres (1951-1998) [5], [6]. Les numéros de page à côté des sonnets cités se réfèrent à cette édition. 4La réception de Leopardi en France a été somme toute tardive, à cause d’un préjugé réducteur qui en a fait, aux yeux des Français, moins le poète romantique que le philosophe pessimiste proche de Schopenhauer : d’où leur tendance à négliger une pensée ressentie comme essentiellement négative et ennemie de l’optimisme des Lumières, si l’on en croit Armand Monjo : 6Carlo Ossola a montré la contradiction implicite dans ce défaut réceptif de la part de la France, vu l’amour que Leopardi voue à tout ce qui est « étranger » [10], en particulier le français, « langue sœur » de l’italien [11] ; pourtant il faut considérer l’influence jouée encore à l’époque par la langue et la culture françaises dans le domaine littéraire italien — il suffit de penser au bilinguisme littéraire d’un Alessandro Manzoni — pour y voir une tendance très diffusée et fréquente au temps de Leopardi. C’est la traduction poétique qui nous intéressera ici, et plus particulièrement le cas de la traduction du Hamlet de Shakespeare par Yves Bonnefoy, ce dernier considérant Shakespeare avant tout comme un poète. de l'anglais et de l'italien par Yves Bonnefoy. Tombeau de Stéphane Mallarmé: Commentaires. He has chosen an irregular form: each poem boasts between 14 and 20 unrhymed lines, although he claims to be always following « a (strict) four-stanza structure, with one, the last one, shorter ». » [75]. Néanmoins il me semble utile, pour mieux saisir les résultats de mon analyse, de rappeler brièvement les idées essentielles caractérisant la position d’Yves Bonnefoy dans le débat actuel sur le traduire, étant donné son importance dans l’ensemble de sa démarche et la valeur qu’il ne cesse de lui attribuer, s’il est vrai qu’il en parle comme de « l’activité primordiale de la pensée au travail » [3]. De ce point de vue, un approfondissement du travail de traduction consacré à l’œuvre de Leopardi et de Pétrarque, vu en rapport aussi avec la réflexion critique qui l’accompagne et l’enrichit, pourra constituer un moment intéressant, et à bien des égards révélateur, de la poétique de l’Auteur ; poétique qu’une analytique minutieuse, fondée sur des exemples textuels encore jamais proposés dans mes études précédentes, se propose de mettre en lumière. Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info. Yves Bonnefoy, « La traduction des sonnets de Shakespeare », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 18 | 2000, 47-62. On voit bien que ce projet d’actualisation par la traduction se propose de respecter la forme tout en agissant sur les modalités expressives, de manière à faire parler Pétrarque « pour nous, hommes et femmes d’une époque tout autre » [69], seule façon de « préserver le poétique dans le poème » [70]. Pour Bonnefoy, le texte est une rencontre vers ce qui est proche, mais aussi étranger – son activité de traducteur en témoignera. 16Le corpus des travaux d’Yves Bonnefoy sur le « fondateur de la République des Lettres » [54] est essentiellement constitué par sa traduction de Dix-neuf sonnets de Pétrarque [55], suivi de l’essai « Le Canzoniere en sa traduction. Dans l'étincellement qui va sans lumière. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. », traduit par : « Et de ma frénésie c’est le fruit, cette honte,/Avec le repentir, et savoir, clairement,/Qu’ici-bas ce qui plaît, c’est bref, ce n’est qu’un songe. Pareillement, la cataphore adjectivale « immense » postpose le déictique italien « quella », de manière à souligner la grandeur de l’Empire romain avant sa chute : « Dei nostri avi famosi, e il grande impero/Di quella Roma, e l’armi, e il fragorio/Che n’andò per la terra e l’oceano ? » [49]. Et boue est le monde. allemand → espagnol. Morte. Since 1994, Yves Bonnefoy has been publishing his translation of Shakespeare’s Sonnets in installments. Quelques traductions nouvelles. Quand le seau touche l'eau, qui le soulève, Shakin' Stevens - Merry Christmas Everyone, Hubert Clos Lus - Soleil rouge sur Hambourg. » — « Pour toujours prenne fin/Ta fatigue, mon cœur. La traduction des vers 6 à 9 est exemplaire de la liberté que prend le traducteur de scander par une ponctuation modifiée et personnelle les différents syntagmes constituant la période [51] : usant d’une ponctuation où les deux points introduisent une prolepse, et ou le point virgule (ici au vers 10) se trouve souvent remplacé par un point ; ce qui implique certaines répétitions explicatives comme celles de « Méprise » (aux vers 14 et 16) dans la partie finale du poème. Il faut dire aussi que le traducteur doit se servir des moyens dont il dispose dans sa langue ; on voit que dans le même texte, le verbe français « se remémorer » rend beaucoup mieux (y compris du point de vue phonique) l’original italien « rimembrar » [44] ; on connaît bien en tout cas la position d’Yves Bonnefoy qui exclut notamment toute possibilité d’équivalence phonique entre deux langues, en raison des différences prosodiques et de la valeur autre qu’acquiert le même son dans chacune d’entre elles : « D’une langue à une autre à ce plan des sons, qui sont toujours en rapport étroit avec le sens, aucune possibilité de transposition réelle, rien que des vagues ressemblances qui n’abusent que ceux qui ne savent ni écouter ni comprendre. Carlo Ossola, « Bonnefoy et Leopardi », in Daniel Lançon (éd.). Voir Fabio Scotto, « Le son de l’autre : théorie et pratique de la traduction d’Yves Bonnefoy ». » Cela devient dans sa traduction : « Douce et claire est la nuit et sans un souffle,/Et paisible au-dessus des toits, sur les jardins/S’est arrêtée la lune, qui désigne,/Sereines, les montagnes. » [45], 12Le poète-traducteur sait parfois saisir le moment précis où cette reproduction phonique est possible (au point qu’on ne puisse y renoncer) — ce qui est plus probable, il me semble, entre deux langues philologiquement aussi proches que l’italien et le français. Du point de vue prosodique, l’attaque de plusieurs vers est bâtie sur l’anapeste (–): « Ta fatigue […] » (au vers 2, mais aussi aux vers 5, 10, 11, 13, 14, 16 et 17). Yves Bonnefoy, « La traduction des sonnets de Shakespeare », Actes des congrès de la Société française Shakespeare [En ligne], 18 | 2000, mis en ligne le 01 novembre 2007, consulté le 19 décembre 2020. On ne trouvera pas meilleur exemple de la nature essentiellement poétique des décisions du poète-traducteur, de sa présence sensible dans le paysage du texte. 30 citations d'Yves Bonnefoy - Ses plus belles pensées Citations d' Yves Bonnefoy Sélection de 30 citations et phrases d' Yves Bonnefoy - Découvrez un proverbe, une phrase, une parole, une pensée, une formule, un dicton ou une citation de Yves Bonnefoy issus de romans, d'extraits courts de livres, essais, discours ou entretiens de l'auteur. Vous n’êtes actuellement pas connecté(e) en institution. ), Coll. Shakespeare : quatre sonnets sous chacun deux formes suivi de Dix-neuf autres sonnets In : Yves Bonnefoy : L’amitié et la réflexion [en ligne]. Mon ultime illusion. 20Le Pétrarque d’Yves Bonnefoy se montre donc érotiquement plus proche de la terre et de ses désirs que du dualisme platonicien (et platonique) [90] ; sa traduction l’enracine dans l’Un du lieu terrestre et lui fait préférer la « grâce enfantine » [91] de Laure, et la pierre des rochers, aux ténèbres surmontant les pentes du Mont Ventoux. Tous droits réservés pour tous pays. Y. Bonnefoy, « Le Canzoniere en sa traduction », postface à « Dix-neuf sonnets de Pétrarque nouvellement traduits par Yves Bonnefoy », Conférence n° 20, printemps 2005, p. 361-362. Voilà qui est fort évident dans les présences paradigmatiques des « feux », des « braises » et des « cendres » que remue la « vieille » du sonnet XXXIII [84] — où se voit déjà préfiguré tout le pétrarquisme du Ronsard de Quand vous serez bien vieille [85] ; l’image de la flamme associée au désir qui détruit l’amant revenant également au sonnet CXXXIII [86], comme aussi dans le jeu oxymorique de l’ardeur de la glace du sonnet CXXXIV [87] : brûlure d’amour qui, de la Dame, rend la « Bouche d’ange, superbe » [88], le regard une « merveille ! YVES BONNEFOY. Activité du site. Traduction par Miguel Ángel Real (Les passages en italiques sont en français dans l'original, N.d.T.) 17Ce souci d’incarnation de la poésie dans un intra-mondain constamment en dialogue avec l’autre monde du rêve ne peut se passer d’une réflexion préalable sur la forme du sonnet, qui définit, comme le cadre d’une peinture, l’espace du poème et le temps qu’il condense : d’où la volonté de « donner priorité à la récréation de la forme et le faire assez hardiment pour que celle-ci, coûte que coûte, se retrouve forme vivante et prenne ainsi un texte aujourd’hui trop peu parlant dans un resserrement qui pourra peut-être, en accentuant la netteté de chaque figure, en raviver les couleurs » [68]. Yves Bonnefoy partage avec Philippe Jaccottet et d'autres poètes de la même génération le souci de ne pas se laisser leurrer par les jeux ou les facilités du langage, par le désir de l'infini, par tout ce qui relève du magique ou de l'angélique dans les discours sur la poésie, tels qu’ils demeurent plus ou moins tributaires d'une mythologie romantique de l'acte créateur.
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