De sa jeunesse, Staline resta « traumatisé par la violence, l’insécurité et la méfiance, mais inspiré par les traditions locales de dogmatisme religieux, de vendetta et de brigandage romantique »[9]. Alors que Staline a gouverné pendant près de trois décennies et a été le successeur de Lénine, c'est Lénine qui reste la figure paternelle et le créateur de l'URSS communiste moderne (qui a pris fin en 1990). »[168]. Le nom de Staline est acclamé et cité plusieurs dizaines de fois dans chaque discours. Il se fait arrêter à de nombreuses reprises. Les tensions empirèrent avant son suicide ; Staline confia par exemple à Khrouchtchev qu’il lui arrivait de s’enfermer dans une pièce pendant que Nadia hurlait et tambourinait à la porte : « Tu es un homme impossible. Le but des Grandes Purges sera notamment d'anéantir les dernières potentialités de résistance au sein du Parti et de la population. L'historienne Anne Applebaum estime que 18 millions de Soviétiques ont connu le Goulag sous Staline et six autres millions l'exil forcé au-delà de l'Oural ; un à deux millions de personnes y décédèrent. Au lendemain de la mort de Staline, le 5 mars 1953, une direction collégiale prend les rênes du pays. C’est également à cette période qu’il est coopté au comité central du tout nouveau parti communiste, lors de son congrès fondateur de Prague[9]. Te voilà une liste d’opinions sur successeur de staline. Il tient également des propos méprisants sur elle devant ses camarades : « Pourquoi devrais-je me mettre sur mes pattes de derrière pour elle ? Au niveau intérieur, Staline s'efforce de se montrer plus libéral en faisant promulguer la « constitution stalinienne » de 1936, annoncée comme « la plus démocratique du monde », en signe d'ouverture envers l' Occident. La première femme de Staline, Ekaterina Svanidzé dite « Kato », qu’il ne voyait qu’épisodiquement[9], meurt du typhus[réf. Après ses erreurs dramatiques de 1941, Staline a su faire progressivement un réel apprentissage militaire, et surtout accepter de laisser une plus grande autonomie à ses généraux : il ne se rend jamais en personne au front. Daniel Vernet. Même en vacances à Sotchi, alors que Molotov ou Kaganovitch assument officiellement ses fonctions, les documents s'entassaient et le courrier lui arrivait quotidiennement par avion depuis Moscou[182]. En 2008, Staline se place en troisième dans le classement des 500 plus grands Russes de tous les temps, selon l'adaptation russe de l'émission britannique 100 Greatest Britons[96]. Vous devriez être capables de les étudier et d'y répondre vous-mêmes ! Staline rétablit le salaire aux pièces et le livret ouvrier, allonge la journée de travail, encourage la naissance d'une nouvelle aristocratie ouvrière en patronnant le mouvement stakhanoviste (1935) et fait punir d'envoi au Goulag tout retard répété de plus de 10 minutes. Il utilise ensuite le pseudonyme de Staline, formé sur le mot russe сталь (stal), qui signifie acier. Surnommée le « Sac de pierre », l'école a sinistre réputation[12]. Il veille à la vie de son entourage parfois jusqu’au moindre détail, cédant son appartement à son hôte Mikoïan parce qu’il lui plaisait ou couchant lui-même le fils de Beria[159], constituant ainsi « une noblesse de type féodal dont les privilèges dépend[ent] totalement de sa loyauté »[165]. Sept volumes sont parus en 1953 (Paris, éditions sociales). La distance avec son père se creuse encore plus après son mariage avec un juif, Grigori Morozov, que Staline refuse de voir, ainsi que leur fils Iossif Morozov[151]. Abonnez-vous. D'autres voient Staline avant tout comme un chef d'État russe, continuateur des tsars et incarnation des ambitions nationales de l'ancienne Russie. Son temps s'écoule entre son bureau et sa datcha de Kountsevo, près de la capitale, avec l'été des vacances à Sotchi, au bord de la mer Noire. D'autre part, l'armée japonaise a abandonné toute velléité d'attaquer la Russie après ses défaites de 1939 : l'URSS en a eu confirmation par Richard Sorge. Ayant peur de son courroux s'ils lui faisaient mal, ils attendent plusieurs heures avant d'appeler un médecin, alors que Staline avait déjà été frappé par cette attaque depuis plus de 24 heures. Pour de nombreux anarchistes ou sociaux-démocrates, ainsi que pour la plupart des historiens actuels, il n'y a pas au contraire de discontinuité entre Lénine et Staline. Il est impossible de vivre avec toi ! Treize volumes de ces œuvres ont été publiés en russe de 1946 et 1952. Alors qu’il était parfaitement capable de sentiments d’amitié, d’amour et de tristesse, ces derniers étaient généralement masqués par l’impénétrabilité, la brusquerie, la colère et la paranoïa qui dissimulaient sa sensibilité, laquelle ne ressortait que par moments, dans ses loisirs ou à la suite de drames[9],[157]. C’est lors de son retour à Moscou qu’il épouse Nadia[9]. Il possédait également un talent vulgarisateur, étant capable de composer en un seul essai des textes, articles ou télégrammes diplomatiques, subtils mais clairs sur des problèmes complexes[169]. Dès lors, à partir de juin 1934, Staline se ravise et lance une politique d’alliance des partis communistes avec des « partis bourgeois » pour tenter de faire reculer le fascisme et le nationalisme. Il n'est pas surprenant que peu de gens croient dans la version officielle de la mort de Staline survenue le 5 mars 1953. », « en partie personnelle, en partie politique », « Tu es un bourreau, voilà ce que tu es ! Dans le bloc de l'Est, la mort de Staline entraîne un soulèvement contre le régime à Berlin-Est et en RDA à partir du 16 juin, donnant l'espoir d'une réunification allemande rapide, mais le mouvement est sévèrement réprimé. Dès 1956, son successeur Nikita Khrouchtchev dénoncera les crimes commis sous le régime de Staline et entreprendra une vaste campagne de « déstalinisation ». La prise des capitales, Moscou et Léningrad, qui seront protégées par des troupes d'élites, est, cette fois, exclue. Après un mariage raté avec Zoïa Gounina, fille d’un pope, Iakov tenta même de se suicider[137] avec une arme à feu à cause de l'incroyable dureté de son père envers lui, mais il ne fit que se blesser, Staline se contentant de déclarer : « Dire qu’il n’a même pas su viser juste. et leur faisant miroiter à toute occasion la possibilité d'une disgrâce fatale. En comptant les « 440 000 Polonais déportés ou fusillés » entre 1939 et 1941, l’estimation du nombre de victimes directes du stalinisme est d’environ 7 740 000 personnes en 32 ans ; environ 2.500.000 d'entre elles trépassèrent devant un peloton d'exécution ou en déportation. Selon le garde du corps de Staline Alexandre Rybine, c'est l'officier de sécurité Piotr Lozgatchev qui force la porte et trouve Staline tout habillé (son pantalon de pyjama trempé d'urine[66]), allongé sur le tapis, inconscient, frappé par une attaque cérébrale, vraisemblablement peu de temps après le départ de ses collaborateurs[68]. L'aura de Staline est telle que la Pravda passe sous silence, pendant près d'une semaine, la mort du compositeur Sergueï Prokofiev, survenue le même jour, 50 minutes avant celle du « génial père des peuples »[75]. L'écrivain Victor Astafiev avait une opinion similaire[95]. Une partie de la famille de Nadia fait partie un temps des proches de Staline, avant d’être décimée au fil des ans. Il précise que, « maladivement soupçonneux », Staline « avait à l’évidence des plans pour achever les anciens membres du politburo ». 1924 : Staline succède à Lénine. Juste parce qu’elle se sert des mêmes toilettes que Lénine…[9] ». De 1936 à 1938, les procès de Moscou sont montés pour éliminer les vieux bolcheviks opposants ou s’étant opposés à Staline. Accentuant une tendance autocratique déjà nette avant la guerre, Staline ne réunit pratiquement plus le Politburo et espace à l'extrême les congrès du Parti : cinq seulement de 1927 à 1953, dont aucun entre 1939 et 1952, alors qu'il s'en tenait un par an même en pleine guerre civile russe. En 1934, l'objectif est atteint, mais à un prix exorbitant : Le système des kolkhozes et des sovkhozes permet à l'État d'acheter à vil prix les récoltes et de financer l'industrialisation. Staline fait payer cet échec à Toukhatchevski durant les Grandes Purges[9]. Après la mort de Lénine en 1924, il mène un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliances successives avec les diverses factions du Parti, et supplante un à un ses rivaux politiques, contraints à l’exil ou évincés des instances dirigeantes. Pour soigner ses maux qui le complexaient, il prenait régulièrement les eaux comme les autres dirigeants, avec lesquels il échangeait très souvent des informations sur sa santé et ses cures[180]. Staline a lui-même invité à interroger sa place dans la continuité de l'histoire russe, en se comparant volontiers aux despotes modernisateurs Ivan le Terrible et Pierre le Grand. Il se montre également très proche des enfants, les promenant en limousine ou donnant aux siens, selon une tradition caucasienne, un peu de vin ; cela met régulièrement en fureur Nadia, alors que Staline en plaisante : « Tu ne sais pas que c’est un médicament ? Il s’évade six fois, notamment en 1904, année où il adhère à la faction bolchevique du POSDR. J'ai lu ton rapport — tu critiques tout le monde — TU LES AS ENCULÉS ! Lorsque le médecin arrive, il est trop tard. Les lettres qu’il envoie durant cet exil sont « pitoyables »[Selon qui ? Staline est né le 18 décembre 1878[2] dans la ville géorgienne de Gori, alors dans le gouvernement de Tiflis (Empire russe), troisième enfant et seul survivant de sa fratrie. Iakov servit dans l'Armée rouge et fut capturé par les Allemands en juillet 1941. Je propose donc aux camarades d’étudier un moyen pour démettre Staline de ce poste et pour nommer à sa place une autre personne qui n’aurait en toutes choses sur le camarade Staline qu’un seul avantage, celui d’être plus tolérant, plus loyal, plus poli et plus attentif envers les camarades, d’humeur moins capricieuse, etc. Joseph Staline (19 mars 1946 - 5 mars 1953) Gueorgui Malenkov (6 mars 1953 - 8 février 1955) Nikolaï Boulganine (8 février 1955 - 27 mars 1958) Politique. » (, Les déportations massives et brutales sont décrites par, Dès le début de l'invasion de l’URSS, par l'intervention des, En français, la traduction la plus correcte retenue par l'Académie Française est «, Alexandre Rybine, « Aux côtés de Staline », dans, Memorandum dans « Lavrentii Beria, 1953 », dans. Entièrement détruite sous les bombes et par les combats de rue, 300 000 Allemands y périssent ou y sont faits prisonniers. L'histoire pourrait être un effort visant à embellir l'image du successeur de Staline. Staline est le successeur de Lénine, mais aussi le meneur du peuple. Cette réconciliation entraînera de profondes remises en cause dans les États de l’Europe de l’Est et nourrira une vague révisionniste que l’URSS se hâtera d’endiguer. Selon Anne Applebaum, si Staline a brisé la continuité de l'histoire russe, c'est bien dans les campagnes. Il est certain, toutefois, que la connaissance que Nadia avait de l’état du pays alimentait certains conflits conjugaux, d’autant plus que Nadia, hypersensible, était confrontée à un mari confinant à l’insensibilité[144] : en une occasion, Nadia jeta à la figure de son mari « Tu es un bourreau, voilà ce que tu es ! Hanté comme tous les bolcheviks par la possibilité d'une prochaine confrontation avec les pays capitalistes, il veut accélérer à tout prix la modernisation industrielle pour s'y préparer. Staline ne vint pas aux funérailles, mais envoya une couronne. souhaitée]. Les funérailles de Nadia sont d’ailleurs l’une des rares occasions où il pleure ouvertement[148] ; il tente brièvement de noyer son chagrin dans l’alcool, puis reporte rage et désespoir sur ses ennemis d’alors[149]. Pleurerez-vous au récit de la mort de Staline comme des millions de ses contemporains? 1922 1926 1928 1930 1934 30 décembre 1922 Naissance de l’URSS 30 avril 1922 Staline secrétaire général du parti communiste 1928 Pareillement, Staline considère que les minorités nationales frontalières sont par définition suspectes : aussi ordonne-t-il la déportation de centaines de milliers de Polonais et de Baltes, ou le transfert en Asie centrale de 170 000 Coréens. Après la mort de sa première femme Kato, il se réfugie temporairement chez sa future belle-famille, les Allilouïev, à Pétersbourg. Après avoir brillamment réussi ses examens, Iossif Djougachvili entre en 1894[11] au séminaire de Tiflis et y reste jusqu'à l'âge de vingt ans. De même, les prisonniers et leurs familles sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres, tandis que des généraux et officiers de tout rang sont fusillés dès les premiers jours, boucs émissaires des erreurs du chef suprême qui avait déjà gravement purgé les chefs de son armée à la fin des années 1930[56]. En outre, il faut ajouter quelque 1 500 000 condamnations après 1945 pour faits de collaboration, la plupart à l'emprisonnement, avec une « indulgence relative » pour les nationalistes ukrainiens et baltes[131]. De cette manière, Staline exprime sa volonté de laisser écraser une insurrection nationaliste qu'il ne contrôle pas et qui pourrait contrarier l'installation d'un gouvernement communiste allié de Moscou après la guerre[58]. Goebbels avait énoncé l'un des objectifs idéologiques de la guerre à l'est : « La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande ». nécessaire]. — Karl Marx étant lui-même d'origine juive. il s’affirme de plus en plus comme son successeur bien que Lénine le considère comme très dangereux car très violent. Il livre en fait ce qui est peut-être considéré comme la dernière guerre paysanne de l'histoire européenne. »[9]. L'historien Guennady Kostyrtchenko affirme que Nikita Khrouchtcheva confié à un journaliste français en 1956 que Staline était mort après une « démarche résolue » d’un … Jugé en décembre 1953, il est condamné à mort et exécuté. Joseph Vissarionovitch Djougachvili naît à Gori en Georgie dans une famille d'anciens serfs, pauvres et sans éducation. Il faut ajouter à cela la volonté des Allemands de reconquérir ce qu'ils considèrent comme leur « espace vital » — le Lebensraum — et celle de réduire en esclavage les peuples slaves considérés comme des « sous-hommes » : des Untermenschen. Staline ne quitte plus la Russie avant 1943, pour la conférence de Téhéran[9]. S'appuyant sur une masse de nouveaux documents et témoignages, l'ouvrage de Montefiore souligne également la part d'humanité troublante que l'un des pires despotes du XXe siècle pouvait conserver. Staline dénonce une absence de réelle volonté des démocraties occidentales de combattre Hitler et signe, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique. Сочинения. Simon Sebag Montefiore voit dans ce drame personnel la cause de son durcissement ultérieur, une « transformation radicale de son caractère […] tarissant en lui ses dernières sources de sensibilité, redoublant sa brutalité, sa jalousie et sa tendance à s’apitoyer sur lui-même »[146]. Le chiffre de six millions de morts semble cependant être plus proche de la réalité. A la mort de Lénine en 1924, Staline poursuit son ascension en éliminant tout d’abord ses principaux adversaires comme Léon Trotsky qui est exilé en 1928. En tout, un Soviétique adulte sur cinq connut le Goulag de par la politique stalinienne[109]. Il est alors transféré à Atchinsk dans l'entretien de la ligne du Transsibérien[27]. Les communistes furent à ses yeux les principales victimes de Staline, et les Grandes Purges, tombées sur un Parti présenté comme innocent, ne seraient dues qu'à sa « paranoïa » personnelle — explication intenable aujourd'hui, et au demeurant fort peu marxiste. Mais dans la lignée de la biographie pionnière et toujours utilisable de Boris Souvarine[91], les historiens soulignent qu'il a laissé à Staline la dictature du parti-guide infaillible, le centralisme démocratique interdisant les tendances, le culte du secret, l'apologie de la violence « nécessaire » et de l'absence de scrupules moraux au nom de la révolution, ainsi qu'un État policier déjà tout-puissant ayant liquidé toutes les oppositions et employant un certain nombre de pratiques perfectionnées ultérieurement par Staline (responsabilité collective des familles, stigmatisation-discrimination collective de groupes sociaux, procès truqués, censure, persécutions religieuses, massacres, premiers camps de travail, etc.). Ce nom restera jusqu'en 1990. Mais il mesure aussi la persistance sourde des critiques à son encontre : il n'est réélu au Comité central qu'en dernier de la liste, son nom étant rayé plus d'une centaine de fois[43]. Par ailleurs, s'il est certain aujourd'hui que Staline est responsable de la mort de plus de communistes qu'aucun dictateur anticommuniste au monde (même Hitler a, comparativement, tué moins de dirigeants du KPD), la thématique faisant des communistes les « premières victimes de Staline » est relativisée fortement. Il est également rendu responsable de la rupture avec Tito — rupture qui a mis en danger les « relations pacifiques avec les autres nations » et nié la nécessaire reconnaissance de la pluralité des voies menant vers l’établissement du socialisme. Les amis qu'elle a en grandissant sont pour certains d'origine juive, ce qui aurait confirmé Staline dans son idée d'infiltration de son entourage par les milieux sionistes. Tout d’abord, lors du VIIe congrès du Komintern en août 1928, il impose la politique « classe contre classe » aux partis communistes. Il débarque en personne à Leningrad et en fait déporter des milliers d'habitants. Compatissez au drame de la famine en Ukraine . De l'avis de ses historiens même les plus critiques, Staline démontre son sang-froid et son génie politique en s'adressant, dès le 3 juillet 1941 à ses « frères-et-sœurs » soviétiques, pour proclamer l'union sacrée de la nation dans la « Grande Guerre patriotique » et, surtout, en décidant de ne pas quitter Moscou menacée, à la surprise de ses proches. Ainsi, un sondage[92] réalisé par le centre Levada en mai 2006 révèle que les avis favorables et défavorables des Russes envers la personnalité de dirigeant de Joseph Staline s'équilibrent à peu près (différence des pourcentages favorables moins défavorables égale à -2). Staline ont une vision très différente du futur de l’URSS et du communisme. »[9]. Sa sœur Svetlana s’était vivement opposée et a sauvé sa fille Galina quand Staline voulait l’envoyer à Dietskiï Dom[138],[139]. Les funérailles de Joseph Staline se déroulent du 6 au 9 mars 1953 à Moscou. Il est originaire d'un village du Nord de la Géorgie, Djougha (d'où son nom) et on lui prête des origines ossètes. »[169]. Les historiens ont souvent soutenu que la guerre civile russe a été gagnée pour les bolcheviks par le révolutionnaire Léo Trotsky. Dans un premier temps, les attaques contre Staline et les voies ouvertes par le XXe Congrès choquent profondément l’orthodoxie communiste en URSS et à travers le monde. Le culte de la personnalité construit autour de sa personne, le secret systématiquement entretenu autour de ses faits et gestes, le travestissement de la réalité par le recours incessant à la propagande, la falsification du passé, la dénonciation délirante de complots, de saboteurs et de traîtres, l’organisation de procès truqués, la liquidation physique d’adversaires politiques ou de personnalités tombées en disgrâce sont des caractéristiques permanentes de son régime. L'arrivée du courrier du comité central du Kremlin donne le prétexte de déranger Staline malgré ses consignes. À partir de 1934, un tournant réactionnaire est également effectué dans le domaine des mœurs : culte de la « famille socialiste », retour de l'interdiction de l'avortement et de la répression de l'homosexualité, alors que la Révolution avait apporté dans ces domaines une libéralisation tant par rapport à la situation antérieure que par rapport aux pays occidentaux[42]. »[145]. Or Kirov était alors le plus populaire des dirigeants soviétiques et, élu avec le plus grand nombre de voix au Comité central, constituait dès lors une alternative potentielle au poste de secrétaire général occupé par Staline (le plus mal élu de tous les candidats). La grande terreur stalinienne commence le soir même alors qu'il fait promulguer un décret suspendant toutes les garanties de droit et rendant sans appel les sentences de mort prononcées par les juridictions spéciales du NKVD. « La mort de Staline le 5 mars 1953 a provoqué la seule réaction possible parmi l'élite soviétique - la joie », déclare le professeur Roudolf Pikhoïa, historien à l'Académie des sciences de Russie.Cette joie n’est pas une surprise si l’on prend en considération l’habitude de Staline de renouveler l’appareil étatique par le biais de répressions sanglantes.